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novembre 06, 2024
Environnement ( "Le rat géant : un allié à l’odorat infaillible pour lutter contre le braconnage" )
====L'incroyable mémoire olfactive du rat géant au service de la lutte anti-braconnage
====Après les explosifs ou les agents pathogènes, le rat géant serait également capable de repérer des produits issus du commerce illégal d'espèces sauvages (écailles de pangolin, défenses d'éléphant, corne de rhinocéros et bois d'ébène), selon une nouvelle étude.Kirsty, Marty, Attenborough, Irwin, Betty, Teddy, Ivory, Ebony, Desmond, Thoreau et Fossey. Ces noms sont bien sûr ceux de célèbres défenseurs de l'environnement, mais ils désignent également de vaillants agents de lutte anti-braconnage. Leur particularité ? Ce sont des rongeurs !
Le Cricétome, parfois qualifié de "rat géant" bien qu'il n'appartienne pas au genre Rattus, était déjà mis à contribution pour détecter des mines antipersonnel ou pour flairer le redoutable Mycobacterium tuberculosis responsable de la tuberculose. Une nouvelle étude se penche aujourd'hui sur la capacité de cet animal à repérer l'odeur des principaux produits issus du trafic d'espèces sauvages.
Publiés le 30 octobre dans la revue Frontiers in Conservation Science, et issus de la collaboration entre des scientifiques et l'ONG humanitaire APOPO basée en Tanzanie, ces travaux de recherche démontrent, en conditions contrôlées, l'efficacité de ce gros rongeur pour cette mission.
====Une mémoire olfactive hors norme
Les rats testés ont été soumis à plusieurs étapes de formation. Au cours de l'entraînement, ils ont d'abord appris à garder leur museau pendant plusieurs secondes dans un trou d'où émanait une odeur d'écailles de pangolin, d'ivoire d'éléphant, de corne de rhinocéros ou de bois d'ébène ("odeur cible"), étant récompensés de leur comportement à l'aide d'une friandise.
Puis, les rongeurs ont été exposés à des bouts de câbles électriques, à des grains de café et à de la lessive en poudre – des produits fréquemment utilisés par les trafiquants pour masquer l'odeur des animaux ou des plantes sauvages lors du transport ("odeur non-cible").
"Au cours de la phase de discrimination, les rats apprennent à ne signaler que les odeurs cibles, tout en ignorant les odeurs non-cibles", explique dans un communiqué Isabelle Szott, chercheuse à la Fondation Okeanos basée en Allemagne, et première auteure de l'étude.
Enfin, les rats ont été entraînés à se souvenir des odeurs. À la fin de l'entraînement de mémorisation, ils ont ainsi été réexposés à des fragrances qu'ils n'avaient pas rencontrées depuis cinq ou huit mois. Les agents à quatre pattes ont alors obtenu des "scores parfaits", ce qui suggère des performances cognitives similaires à celles des chiens.
Au final, huit rats particulièrement doués se sont avérés capables d'identifier les quatre odeurs cibles (pangolin, éléphant, rhinocéros et ébène) parmi 146 odeurs non-cibles.
====Gilets spéciaux pour rats détecteurs ?
"Les outils de dépistage existants sont coûteux et demandent beaucoup de temps ; or, il est urgent d'améliorer le contrôle des cargaisons", souligne Isabelle Szott. "Les rats sont des moyens rentables de détection olfactive, car ils peuvent facilement accéder à des espaces restreints (…) ou être soulevés en hauteur pour contrôler les systèmes de ventilation des conteneurs scellés", affirme-t-elle.La prochaine étape consistera donc à mettre au point des moyens concrets permettant aux rats de travailler dans les ports par lesquels transitent les produits issus du trafic de faune et de flore. Les auteurs envisagent ainsi d'équiper les rongeurs de "gilets fabriqués sur mesure", sur lesquels serait fixée une petite balle qu'ils pourraient tirer avec leurs pattes avant afin d'émettre un signal sonore.
Il sera alors possible de tester les capacités de ces animaux sur le terrain, en conditions réelles.
"Le trafic d'espèces sauvages est souvent le fait d'individus engagés dans d'autres activités illégales, notamment le trafic d'êtres humains, de drogues et d'armes", note le Dr Kate Webb, coauteure de l'étude et professeure à l'université Duke, en Caroline du Nord (communiqué). "Par conséquent", estime-t-elle :
====Le déploiement de rats pour lutter contre (ce) trafic pourrait contribuer à la lutte mondiale contre les réseaux qui exploitent à la fois les êtres humains et la nature.
Plus de 4 000 espèces sauvages végétales et animales sont encore la proie du trafic chaque année, a révélé un récent rapport de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONU Info, mai 2024). En effet, les trafiquants adaptent "en permanence" leurs méthodes et leurs itinéraires pour échapper à la détection et aux poursuites, en "exploitant les lacunes de la réglementation et les faiblesses de l'application de la loi."
====Depuis quelques années, les rats géants, notamment de l'espèce Cricetomys gambianus, aussi appelés "rats de Gambie", sont devenus des alliés inattendus dans la lutte contre le braconnage. Dotés d'un sens olfactif exceptionnel, ces rongeurs sont capables de détecter des odeurs spécifiques, même dans des environnements denses et complexes, ce qui les rend particulièrement utiles pour localiser des produits issus d'espèces menacées, comme les défenses d’éléphant ou les cornes de rhinocéros, ainsi que des pièges illégaux.
Leur dressage, assuré par des équipes de biologistes et de spécialistes animaliers, vise à exploiter cette incroyable mémoire olfactive. Contrairement aux chiens, les rats géants sont petits, légers et peuvent se faufiler dans des endroits inaccessibles pour d’autres animaux. Grâce à leur odorat fin et leur capacité à retenir de nombreuses odeurs distinctes, ils aident ainsi les forces de l’ordre à localiser des caches de produits de contrebande sans interférer avec les autres animaux de la forêt.
Dans plusieurs pays africains et asiatiques, ces rats dressés pour la lutte contre le braconnage patrouillent désormais aux côtés des rangers dans les réserves naturelles et les parcs nationaux, agissant comme une barrière supplémentaire contre les trafiquants. En plus de leur efficacité, leur petite taille et leur nature sociale en font des partenaires de choix pour le personnel de terrain, rendant cette lutte plus éthique et plus respectueuse de l’écosystème.
L’engagement de ces rats géants dans la lutte anti-braconnage démontre que des solutions innovantes et respectueuses de la nature peuvent faire une réelle différence dans la protection des espèces menacées.
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