Environnement ( refroidissement artificiel du climat américain sur l'Europe )

Les répercussions redoutées du refroidissement artificiel du climat américain sur l'Europe Des scientifiques alertent sur la possible inefficacité du refroidissement artificiel du climat aux États-Unis, qui pourrait aggraver les vagues de chaleur en Europe. Ce recours à la géoingénierie risque de produire un effet contraire à l'effet recherché, surtout dans un contexte mondial plus chaud. Une nouvelle illustration de "l'effet papillon" ? Alors que les autorités de la ville d'Alameda dans la baie de San Francisco en Californie réfléchissent à relancer leur controversé test d'éclaircissement des nuages après avoir conclu à son innocuité pour la santé humaine, une étude publiée dans Nature Climate Change (21 juin 2024) et relayée par le Guardian apporte de nouveaux éléments. Cette technique de modification du rayonnement solaire consiste à diffuser de l'eau salée dans l'air pour refroidir le climat au niveau régional. Les auteurs américains, chercheurs à l'université de Californie à San Diego et au Centre national de recherche atmosphérique à Boulder, Colorado, ont voulu tester les conséquences potentielles de sa mise en application. À l'aide de modèles informatiques du système climatique global en 2010 et 2050, ils ont simulé les effets de deux opérations d'éclaircissement des nuages dans le nord-est de l'océan Pacifique. L'une serait menée à proximité de la Californie, et l'autre plus loin, en Alaska. Les deux visant à réduire le risque de chaleur extrême au même endroit : sur la côte ouest des États-Unis. Contre toute attente, soulignent nos confrères du Guardian, c'est l'opération la plus éloignée qui aurait le plus d'impact, car exploiterait des 'téléconnexions', c'est-à-dire des liens dans le système climatique entre des régions du monde géographiquement éloignées les unes des autres. Un climat futur qui a de quoi inquiéter Cependant, dans le climat de 2050, les résultats s'avéreraient très différents. Imaginez le point de départ : moins de nuages, des températures de base plus élevées, et un ralentissement de la précieuse "circulation méridienne de retournement de l'Atlantique" (AMOC), ce système de courants marins qui contient le Gulf Stream… Dans ces conditions, l'opération en Alaska aurait un effet "considérablement réduit" sur le soulagement du stress thermique dans l'ouest des États-Unis. Pire, l'opération plus proche de la Californie, elle, ferait grimper les températures – l'exact opposé de l'effet escompté ! Quid des conséquences en dehors des régions cibles ? Là encore, le contexte global change considérablement la donne. Dans celui de 2010, les simulations suggèrent que l'Europe serait également refroidie par l'éclaircissement des nuages marins pratiqué dans le Pacifique Nord. Mais en 2050, l'opération augmenterait le stress thermique dans le monde entier. En particulier en Europe, en raison du ralentissement de l'AMOC. Besoin de structures de gouvernance sur la géoingénierie "Notre étude (…) montre que l'éclaircissement des nuages marins peut être très efficace pour la côte ouest des États-Unis s'il est réalisé maintenant, mais qu'il pourrait être inefficace à l'avenir et provoquer des vagues de chaleur en Europe", résume Jessica Wan, co-auteure de l'étude et chercheuse à l'université de San Diego, citée par le Guardian. Ces résultats devraient inquiéter les décideurs politiques et les inciter à mettre en place des structures de gouvernance ainsi que des lignes directrices en matière de transparence, non seulement au niveau mondial, mais aussi au niveau régional, estime-t-elle. Et de poursuivre : Il n'y a pas vraiment de gouvernance de la géoingénierie solaire à l'heure actuelle. C'est effrayant. La science et la politique doivent être développées ensemble. "Nous ne voulons pas nous retrouver dans une situation où une région serait obligée de recourir à la géoingénierie pour combattre ce qu'une autre partie du monde a fait pour lutter contre les sécheresses et les vagues de chaleur", anticipe-t-elle enfin.