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mai 07, 2025
ENVIRONNEMENT ( Quand le Pacifique a été défiguré par une catastrophe géologique majeure )
Super-éruption volcanique il y a 120 millions d’années : quand le Pacifique a été défiguré par une catastrophe géologique majeure
Il y a environ 120 millions d’années, bien avant l’apparition de l’humanité, une super-éruption volcanique cataclysmique a bouleversé de manière irréversible l’histoire géologique de la Terre. Cette éruption titanesque, survenue au cœur de la région Pacifique, a non seulement redessiné les fonds océaniques, mais elle a aussi modifié la chimie des océans et le climat global pendant des millénaires. Les scientifiques estiment que cette super-éruption préhistorique, parmi les plus violentes jamais recensées, aurait eu un impact comparable, voire supérieur, à celui de l’éruption du supervolcan de Toba il y a 74 000 ans.
Dans cet article, nous allons explorer les origines, les conséquences et les indices géologiques laissés par cet événement extrême qui continue d’intriguer les chercheurs.
Qu’est-ce qu’une super-éruption volcanique ?
Une super-éruption volcanique est un événement rare, capable d’émettre plus de 1 000 km³ de matière volcanique. Pour comparaison, l’éruption du mont Saint Helens en 1980, bien que dramatique, n’a libéré que 1 km³ de cendres. Les super-éruptions entraînent des conséquences globales : changements climatiques, extinction d’espèces, perturbation des cycles biogéochimiques, etc.
L’événement étudié ici s’est produit au Crétacé inférieur, une époque marquée par un climat chaud et des niveaux marins élevés. Cette super-éruption a été d'une ampleur telle qu’elle a profondément modifié l’architecture géologique du bassin océanique Pacifique central.
Les LIPs : coulées basaltiques géantes des temps anciens
L’un des concepts clés pour comprendre cet événement est celui des Large Igneous Provinces (LIPs), ou "provinces ignées de grande ampleur". Ce sont des accumulations massives de lave basaltique résultant d’éruptions volcaniques colossales, souvent provoquées par des panaches mantelliques — des remontées de magma extrêmement chaudes en provenance du manteau terrestre.
La super-éruption d’il y a 120 millions d’années aurait donné naissance à l’un des plus vastes LIPs du monde : l’Ontong Java Plateau, situé aujourd’hui sous les eaux du Pacifique occidental. Il s'étend sur plus de 1,86 million de km², soit plus de deux fois la superficie de la France.
L’Ontong Java Plateau : témoin silencieux d’une apocalypse géologique
Les études géophysiques et sismiques ont permis de détecter l’épaisseur colossale de la croûte océanique dans cette région, atteignant jusqu’à 30 kilomètres par endroits — bien au-delà de l'épaisseur normale d'une croûte océanique typique (environ 7 km). Cela suggère une éruption massive sur une période relativement courte, peut-être quelques millions d’années à peine.
Les géologues estiment que plus de 100 millions de kilomètres cubes de lave ont été expulsés. Cette quantité phénoménale aurait suffi à élever temporairement le niveau des mers, à libérer d’énormes volumes de dioxyde de carbone et de soufre, et à perturber les écosystèmes marins par une acidification rapide des océans.
Conséquences environnementales et biologiques
Cette super-éruption aurait joué un rôle majeur dans des épisodes d’anoxie océanique, c’est-à-dire la disparition de l’oxygène dans de vastes zones marines. De nombreux fossiles retrouvés dans les sédiments contemporains témoignent d’une crise biologique majeure, particulièrement dans les environnements marins profonds.
Les gaz à effet de serre rejetés lors de l’éruption ont probablement intensifié l’effet de serre naturel, entraînant une élévation des températures à l’échelle mondiale. On soupçonne également une hausse des niveaux de méthane, un autre gaz à effet de serre puissant, relâché par la déstabilisation des hydrates de méthane dans les sédiments océaniques.
Des indices cachés dans les fonds marins
Des forages océaniques réalisés dans le cadre du programme scientifique IODP (International Ocean Discovery Program) ont permis de récupérer des carottes de sédiments riches en cendres volcaniques et en minéraux spécifiques tels que le pyroxène ou la plagioclase, typiques des basaltes issus de coulées massives.
L’analyse isotopique de ces minéraux permet non seulement de dater l’éruption, mais aussi de reconstituer les conditions géochimiques et thermiques de l’époque. On y retrouve aussi des pics de strontium et de néodyme, témoignant d’un basculement rapide du système climatique et océanique.
Une histoire encore partiellement inconnue
Bien que l’on dispose aujourd’hui de nombreuses données géologiques et géophysiques, de nombreux aspects de cette super-éruption restent encore flous :
Quelle a été la durée exacte de l’éruption ?
Était-ce une seule phase ou plusieurs phases successives ?
Quels types d’êtres vivants ont survécu à cet événement ?
Quels liens existent entre cette éruption et d’autres LIPs du Crétacé, comme celles de Manihiki ou Hikurangi ?
Ces questions nourrissent les recherches actuelles et montrent à quel point la géologie profonde peut éclairer les événements climatiques et biologiques passés — et futurs.
Pourquoi cet événement fascine encore aujourd’hui ?
L’étude des super-éruptions passées permet aux scientifiques de mieux comprendre les mécanismes de perturbation planétaire. Dans un contexte de réchauffement climatique moderne, les analogies historiques offrent des pistes pour anticiper les réponses des systèmes terrestres aux bouleversements rapides.
De plus, la présence de supervolcans encore actifs aujourd’hui — comme Yellowstone (États-Unis), Toba (Indonésie) ou Taupō (Nouvelle-Zélande) — rappelle que de tels événements, bien que rares, sont toujours possibles.
Conclusion : une cicatrice géologique dans le cœur du Pacifique
Il y a 120 millions d’années, une super-éruption gigantesque a défiguré le visage du Pacifique, gravant dans les roches océaniques les traces d’un cataclysme qui a redéfini l’histoire géologique de notre planète. Grâce aux technologies modernes, nous commençons à peine à en saisir l’ampleur.
Cette catastrophe oubliée nous rappelle que la Terre est une planète vivante, en constante évolution, où les forces du feu et de la pierre peuvent façonner l’avenir tout autant que le passé
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