juin 01, 2025

AGRICULTURE ( Face au changement climatique, un vigneron de l’Aude mise sur l’aloe vera pour sauver son exploitation )

Un vigneron de l’Aude mise sur l’aloe vera pour sauver son exploitation Une reconversion inattendue mais prometteuse Dans le département de l’Aude, au cœur du Languedoc, une région viticole emblématique du sud de la France, les vignerons sont de plus en plus confrontés aux effets dévastateurs du changement climatique. Sécheresses répétées, canicules intenses, pluies rares mais violentes : les conditions météorologiques extrêmes mettent à mal une activité millénaire. Mais certains exploitants refusent de baisser les bras. C’est le cas de Jean-Luc Marty, un vigneron installé près de Narbonne, qui a décidé de diversifier son activité en cultivant une plante aussi surprenante qu’adaptée à la nouvelle donne climatique : l’aloe vera. Une viticulture en souffrance Pendant plus de vingt ans, Jean-Luc a cultivé la vigne sur les terres familiales transmises de génération en génération. "Nous avons toujours été vignerons ici. Mon père, mon grand-père, et même avant lui. Mais depuis 10 ans, tout a changé", explique-t-il. La cause ? Une augmentation continue des températures, des périodes de sécheresse plus longues et un stress hydrique croissant pour les ceps de vigne. "En 2022, nous avons perdu plus de 40 % de notre récolte à cause du manque d’eau. Et les quelques orages survenus ont entraîné des maladies cryptogamiques. C’est devenu intenable", confie Jean-Luc. Devant ces défis, nombreux sont ceux qui ont réduit leur surface de vigne, voire cessé toute activité. Mais Jean-Luc, lui, a choisi une autre voie : repenser son exploitation agricole pour l’adapter à un climat méditerranéen de plus en plus aride. L’aloe vera : une plante résiliente face au climat Lors d’un voyage en Espagne, Jean-Luc découvre l’aloe vera, une plante succulente reconnue pour ses propriétés médicinales et cosmétiques. Mais surtout, il s’émerveille de sa capacité d’adaptation aux climats chauds et secs, très proche de ce que connaît désormais l’Aude. "J’ai vu des champs entiers d’aloe vera pousser sur des sols arides, sans irrigation intensive, sous un soleil de plomb. J’ai compris que c’était peut-être une voie à explorer", se souvient-il. Après plusieurs mois de recherches et d’échanges avec des agriculteurs espagnols, Jean-Luc décide de se lancer. Il consacre une partie de ses terres — initialement vouées à la vigne — à la culture de cette plante étonnante. Il entame alors une transition agro-écologique, avec des méthodes de culture respectueuses de l’environnement. Une culture plus durable et économe en ressources L’un des grands avantages de l’aloe vera, c’est sa faible exigence en eau. Grâce à ses feuilles épaisses qui stockent l’humidité, elle peut résister à de longues périodes de sécheresse. Un atout de taille dans une région où l’accès à l’eau devient un enjeu crucial. De plus, Jean-Luc n’utilise ni engrais chimiques, ni pesticides. "L’aloe vera est naturellement résistante à de nombreux parasites. Elle pousse très bien en bio", souligne-t-il. Le sol, quant à lui, est travaillé de manière douce, et couvert de paillage végétal pour conserver l’humidité et éviter l’érosion. Cette culture, moins gourmande en intrants, s’inscrit parfaitement dans une logique d’agriculture durable. Un marché en plein essor Mais au-delà des considérations climatiques, le choix de l’aloe vera répond aussi à une logique économique. La demande pour les produits à base d’aloe vera explose : cosmétiques, compléments alimentaires, boissons, soins dermatologiques… Le marché mondial est en pleine croissance. Jean-Luc a donc rapidement trouvé des débouchés pour sa production. Il vend une partie de ses feuilles fraîches à des laboratoires spécialisés, et transforme lui-même une autre partie en gel pur, qu’il commercialise sous sa propre marque. "Nous avons lancé une gamme locale, 100 % Aude, qui plaît beaucoup", affirme-t-il. Ce virage vers l’aloe vera a permis de compenser en partie les pertes liées à la baisse des rendements viticoles. Mieux encore : cette nouvelle activité attire une clientèle sensible aux questions de santé, de naturalité, et d’origine locale. Une complémentarité avec la vigne Faut-il pour autant abandonner totalement la vigne ? Pas forcément. Jean-Luc continue d’exploiter une partie de son vignoble, mais sur des parcelles mieux adaptées, avec des cépages plus résistants à la chaleur, comme le grenache ou le mourvèdre. "La clé, c’est la diversification. On ne peut plus dépendre d’un seul produit", insiste-t-il. Il travaille également sur des projets d’agroforesterie et de culture mixte, en associant aloe vera et plantes mellifères, favorables aux insectes pollinisateurs. Un moyen de restaurer la biodiversité sur l’exploitation, tout en maintenant une rentabilité agricole. Une source d’inspiration pour d’autres agriculteurs Le parcours de Jean-Luc ne passe pas inaperçu. De plus en plus de vignerons, dans l’Aude mais aussi ailleurs dans le sud de la France, viennent le rencontrer pour s’informer. Certains envisagent de suivre son exemple, ou du moins de s’en inspirer pour diversifier leur propre exploitation. Des coopératives locales s’intéressent même à une filière aloe vera "made in Occitanie", qui pourrait créer de nouveaux emplois et valoriser des terres délaissées. "Nous devons repenser notre modèle agricole. Le climat change, et il faut s’adapter. L’aloe vera, ce n’est peut-être pas une solution miracle, mais c’est une piste sérieuse, durable, et rentable", conclut Jean-Luc, avec conviction. Une agriculture résiliente, entre tradition et innovation Le cas de Jean-Luc montre qu’il est possible de concilier résilience climatique, diversification économique et respect de l’environnement. Si la vigne reste un pilier de l’identité de l’Aude, des cultures alternatives comme l’aloe vera pourraient bien jouer un rôle clé dans le futur de l’agriculture méditerranéenne. À l’heure où le changement climatique redessine les paysages agricoles français, les initiatives comme celle-ci ouvrent une voie pleine d’espoir. Une voie où tradition et innovation se rencontrent, pour imaginer une agriculture plus durable et mieux adaptée aux défis du XXIe siècle.

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