Homme et vie ( La boîte en carton finlandaise : un berceau de bien-être familial )

====3 novembre 2024 Lorsque Sukitha et son mari Prasad ont déménagé en Finlande - un pays que ses habitants considèrent comme l'endroit le plus heureux de la planète - l'une des premières choses qu'ils ont reçues a été une boîte en carton. « Ce n'était pas n'importe quelle boîte, mais une boîte de maternité remplie de choses essentielles », s'exclame Sukitha Herath, se souvenant du moment où elle l'a ouverte pour la première fois. Le couple attendait déjà son premier enfant lorsqu'il a quitté Singapour il y a six ans. Le cadeau du gouvernement, qui comprend des vêtements chauds, un sac de couchage, un petit matelas et d'autres articles, est une tradition finlandaise depuis 75 ans. Il offre à toutes les futures mères un départ égal, indépendamment de leur origine ou de leur milieu socio-économique.« En plaçant le matelas au fond, la boîte devient le tout premier lit du bébé », explique Prasad Jayathurathnage, aujourd'hui père de deux filles âgées de six et trois ans. Comme leur aînée, leur cadette a également fait sa première sieste dans une boîte similaire.Sukitha explique que, sur les conseils de son infirmière, dès que les bébés ont eu deux semaines, même par un froid glacial, elle et Prasad les ont emmitouflés dans des vêtements et des draps chauds et les ont emmenés faire la sieste à l'extérieur dans leur landau. Cette routine quotidienne est courante en Finlande et dans les autres pays nordiques. Prasad est ingénieur et Sukitha est kinésithérapeute. Tous deux sont originaires du Sri Lanka et ont déménagé à Singapour en 2012 avant de s'installer en Finlande. Bien que Sukitha ait grandi sur une île tropicale, elle a constaté que la possibilité de faire la sieste en plein air par temps froid était bénéfique pour ses deux bébés. « Si nous restons à l'intérieur, ils pleurent. Mais quand nous sortons, il y a de l'air frais et le chant des oiseaux, et les bébés s'endorment rapidement. En fait, c'est plus facile pour le bébé et pour la mère. Les promenades m'ont également aidée à perdre du poids après la grossesse », explique-t-elle. Pour le couple, le couffin n'est pas seulement une mesure de sécurité, mais aussi un doux rappel de l'importance que la Finlande accorde au sommeil, même dès les premiers jours de la vie d'un enfant. ====De combien de temps de sommeil les enfants ont-ils besoin ? Sukitha et Prasad estiment que le système de santé et de sécurité nationale du pays les a aidés à fixer des priorités pour la journée et les heures de sommeil de leurs enfants, et les a encouragés à établir une routine cohérente à l'heure du coucher. ====Qu'est-ce qu'un bon sommeil ? Les experts soulignent qu'il est essentiel de cultiver de bonnes habitudes de sommeil, comme celles de la Finlande, pour le développement mental, physique, social et émotionnel des enfants. Cependant, de plus en plus de parents s'inquiètent aujourd'hui du manque de sommeil de leurs enfants. Selon de nombreux experts de l'enfance, l'utilisation excessive du téléphone portable ou du temps passé devant un écran est un coupable commun. Le professeur Dagmara Dimitriou, spécialiste de l'éducation au sommeil à l'University College London, rappelle que la qualité du sommeil - et pas seulement la quantité - fait la différence. « Le sommeil est comme un régime alimentaire équilibré. La qualité du sommeil est également importante », explique-t-elle à la BBC. Un mauvais sommeil affecte les performances scolaires et mentales des enfants, ajoute-t-elle. Maleeka Macadam, directrice d'une école maternelle au Malawi, est d'accord, observant que les enfants ayant des habitudes de sommeil irrégulières ont plus de difficultés dans son école. « J'ai pu constater que les enfants qui ne dorment pas assez manquent de concentration, sont irritables et semblent léthargiques tout au long de la journée scolaire », explique-t-elle.Maleeka Macadam, mère de trois enfants, est directrice d'une école maternelle au Malawi. Le professeur Dimitriou, quant à elle, conteste l'idée que les enfants perturbateurs sont « méchants ». « Ils ne se comportent pas mal ; ils manquent simplement de sommeil », explique-t-elle. « Parfois, les enfants reçoivent des cours supplémentaires, des tuteurs privés et de nombreuses applications. Mais je dis toujours : « Votre tuteur supplémentaire, c'est le sommeil. Dormez suffisamment et vous optimiserez votre apprentissage et votre fonctionnement », ajoute-t-elle. ====Comment le manque de sommeil peut-il affecter un enfant ?Le professeur Dimitriou affirme qu'il n'y a pas d'enfants « méchants ». Selon certaines études, le manque de sommeil est également lié à des problèmes de santé physique tels que l'hypertension artérielle, l'obésité et les maladies cardiaques. De nouvelles recherches menées par l'université britannique de Birmingham suggèrent que les enfants qui manquent régulièrement de sommeil depuis leur plus jeune âge courent un risque plus élevé de développer une psychose au début de l'âge adulte. Les scientifiques reconnaissent depuis longtemps que le manque de sommeil a un impact sur le développement du cerveau. Des recherches menées par le professeur Ze Wang, de l'université du Maryland (États-Unis), ont montré que le manque de sommeil altère les connexions cérébrales chez les enfants, ce qui peut entraîner des troubles cognitifs à long terme ou permanents. L'équipe a conclu que les enfants qu'elle a étudiés et qui ne dormaient pas suffisamment « avaient plus de problèmes de santé mentale et de comportement que ceux qui dormaient suffisamment ». Les experts estiment également que le manque de sommeil peut non seulement influencer les sentiments des enfants, mais aussi leurs choix alimentaires. ====Quels sont les risques liés au manque de sommeil ?Le professeur Dimitriou souligne que la technologie est un obstacle courant au sommeil, même pour les jeunes enfants. Elle encourage les parents à surveiller l'utilisation de la technologie par leurs enfants, en particulier avant l'heure du coucher. Toutefois, cela ne semble pas concerner les familles qui n'ont pas accès aux technologies de pointe ou qui n'ont pas les moyens d'acheter des appareils comme des smartphones ou des tablettes pour leurs enfants, explique-t-elle. Par exemple, elle note que « cela ne semble pas être un problème dans certaines régions de l'Inde, où les enfants n'ont pas accès aux jeux interactifs et aux médias sociaux »Selon les experts, le temps passé devant un écran n'est pas un obstacle courant au sommeil des enfants dans les zones rurales ou dans les ménages à faibles revenus. Prasad et Sukitha veillent à ce que leurs filles dorment plus de 10 heures et limitent leur temps d'écran. « Nous ne laissons jamais nos enfants avec un téléphone dans un coin. Notre aînée n'a eu aucun temps d'écran jusqu'à l'âge de deux ans », explique M. Prasad. Ayant vécu au Sri Lanka et à Singapour, ils ont observé que les enfants y passaient plus de temps sur les appareils qu'en Finlande - du moins dans certaines des familles qu'ils connaissent. « Même lorsque j'ai grandi au Sri Lanka, nous nous endormions devant la télévision. Ensuite, on nous mettait au lit, ce qui peut être perturbant », ajoute Sukitha. une boîte de maternité remplie de produits essentiels.Crédit photo,Getty Images Légende image,"Il ne s'agit pas d'une boîte quelconque, mais d'une boîte de maternité remplie de produits essentiels. Aujourd'hui, leur routine du coucher commence 30 minutes à une heure avant l'heure du coucher. Elle comprend des activités qui aident leurs deux filles à se détendre, comme lire ou se faire lire des histoires pour le coucher. « Avant cela, elles se lavent, se brossent les dents et choisissent leur tenue pour la garderie du lendemain, ce qui vous évite de passer plus de temps à choisir des vêtements le matin. Une fois qu'ils sont couchés, ils ne peuvent plus demander de nourriture », explique Sukitha. Maleeka, mère de trois enfants âgés de quatre, sept et neuf ans, explique que lorsque ses enfants se couchent plus tard que l'heure habituelle de 19 h 30, il est difficile de les réveiller le lendemain matin. « Ils sont aussi très émotifs ; la moindre petite chose peut déclencher une bouderie », ajoute-t-elle. Cependant, en tant que parent qui travaille, maintenir une routine peut s'avérer difficile. « Parfois, il est difficile de s'en tenir à la routine », admet-elle. Comment les téléphones affectent-ils le sommeil des enfants ? Garçon noir aux cheveux bouclés allongé sur le lit et utilisant un smartphone sous la couette la nuitCrédit photo,Getty Images Légende image,Gavin English, directeur adjoint de la pastorale dans une école de Londres, conseille de ne pas laisser les téléphones portables avec les enfants lorsqu'ils vont dormir. Gavin English, directeur adjoint de l'Alleyn's School à Londres, affirme que le sommeil est la première chose qu'ils vérifient lorsque les élèves ont des difficultés comportementales et scolaires. « Je peux dire que lorsque je travaille avec des jeunes qui prennent de mauvaises décisions avec leurs appareils et qui sont affectés par les médias sociaux, ils utilisent souvent leurs appareils alors qu'ils devraient être au lit et dormir », explique-t-il à BBC News. « Et il est frappant de constater que les jeunes qui ont des problèmes liés à l'utilisation de leur téléphone et à leur sommeil gèrent souvent mal ces deux aspects. « Si les jeunes ont des téléphones portables dans leur chambre, ils sont voués à l'échec », prévient-il. « Les téléphones portables reproduisent les fonctions d'un grand nombre d'objets de la vie quotidienne. Mon conseil : dépensez quelques livres [en liquide] pour un réveil et sortez ces appareils de leur chambre ». Une mère du Malawi lit une histoire à ses deux enfants couchés dans leur lit.Crédit photo,Maleeka Macadam Légende image,Maleeka explique qu'en tant que parent qui travaille, il n'est pas toujours facile de suivre une routine Comment la culture influence-t-elle le sommeil ? Si le sommeil est une nécessité biologique, des facteurs culturels peuvent également influencer les habitudes de sommeil. Par exemple, pendant le mois sacré du Ramadan, lorsque les musulmans jeûnent pendant la journée, leurs horaires de sommeil peuvent être décalés. Le professeur Dimitriou explique que si le sommeil peut être perturbé par ces coutumes, dans des pays comme l'Arabie saoudite, les enfants ne sont pas tenus de passer des examens pendant cette période - une pratique qu'elle « recommande vivement ». Le professeur Wang ajoute que si les facteurs culturels ou religieux peuvent influencer les habitudes de sommeil, le besoin biologique de sommeil est universel. « Certaines cultures, comme celles de l'Asie de l'Est, encouragent le travail acharné dans l'apprentissage. Les enfants restent souvent très tard en raison de la lourde charge de travail et de révision des cours. Cela entraîne un important déficit de sommeil et a des conséquences néfastes, selon notre étude. Les conséquences peuvent durer longtemps ou même devenir permanentes », ajoute-t-il. Image d'une jeune fille asiatique qui étudie durCrédit photo,Getty Images Légende image,Dans certains foyers asiatiques, les parents obligent leurs enfants à se coucher tard et à se lever tôt pour étudier. Maleeka estime que les visites de la famille élargie peuvent également perturber la routine de ses enfants. « Cela perturbe vraiment leurs cycles de sommeil, mais c'est difficile à éviter », ajoute-t-elle. Prasad et Sukitha, qui demandent souvent conseil à leur infirmière de famille - en particulier pour l'alimentation et le sommeil de leurs filles - admettent qu'ils sont encore en train d'apprendre. « Nous ne sommes pas des parents parfaits, mais la plus grande leçon que nous ayons apprise est de suivre une routine. Cela facilite les choses pour tout le monde », explique Sukitha. Et le professeur Dimitriou a un message pour les enfants et les parents. « Je dis toujours : peu importe ce que vous faites, tant que vous dormez, que votre sommeil est de bonne qualité et que vous en comprenez l'importance », dit-elle. « Il faut manger et il faut dormir. Ce sont les deux choses les plus importantes dans la vie.====

Depuis les années 1930, la Finlande offre aux nouveaux parents une « boîte en carton » remplie d’essentiels pour les premiers mois de vie de leur bébé. Ce simple carton, qui fait office de lit pour le nouveau-né, est rempli de vêtements, de couches, de produits de soin et d’autres articles de première nécessité. Ce geste n’est pas seulement un soutien matériel pour les familles : il représente une vision de société, où le bien-être des familles et l’égalité des chances sont au cœur des priorités. En utilisant la boîte comme premier « lit » pour le bébé, la Finlande a aussi encouragé de bonnes pratiques de sommeil sécuritaire et a contribué à réduire le taux de mortalité infantile. Ce cadeau d’État a permis de sensibiliser les parents à l'importance de créer un environnement de sommeil sans risque, tout en réduisant le besoin de lits coûteux et en favorisant une relation de proximité avec le nourrisson dès la naissance. Au-delà de l’aspect pratique, la boîte en carton a créé une véritable culture de soutien collectif et de solidarité. En recevant cette boîte, chaque famille, indépendamment de son statut social, se sent valorisée et soutenue dans son rôle parental. Ce symbole d’égalité et de bienveillance a inspiré de nombreux pays à travers le monde à adopter des pratiques similaires, faisant de la Finlande un modèle en matière de santé familiale et de bien-être des enfants.