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mai 20, 2025
ENVIRONNEMENT ( Limiter le réchauffement climatique à 1,5°C )
Limiter le réchauffement climatique à 1,5°C : un objectif "socialement impossible", selon les experts
Depuis l’Accord de Paris en 2015, la limite de 1,5°C d’augmentation de la température mondiale par rapport à l’ère préindustrielle est devenue un symbole fort de la lutte contre le réchauffement climatique. Mais aujourd’hui, de plus en plus de climatologues, d’économistes et de sociologues affirment que cet objectif est devenu "socialement impossible" à atteindre, malgré son importance scientifique.
Que signifie cette expression ? Pourquoi, malgré les alertes répétées du GIEC et les engagements internationaux, le monde n’est-il pas sur la bonne trajectoire ? Et quelles sont les alternatives réalistes dans un contexte de transition écologique ? Décryptage d’un enjeu planétaire à la croisée du climat, de l’économie et des sociétés.
1,5°C : une ligne rouge fixée pour éviter le pire
L’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius a été fixé dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat, signé par 195 pays en décembre 2015. Il s'agit de contenir le réchauffement bien en dessous de 2°C, et si possible à 1,5°C, afin de réduire les impacts dévastateurs du dérèglement climatique.
Selon les rapports du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), dépasser ce seuil entraînerait des conséquences irréversibles :
Augmentation des vagues de chaleur, sécheresses et incendies
Fonte accélérée des glaciers et élévation du niveau des mers
Perte massive de biodiversité
Menaces sur la sécurité alimentaire et les ressources en eau
Déplacements forcés de millions de personnes
1,5°C est donc une limite critique pour maintenir un climat habitable, notamment pour les régions les plus vulnérables.
Où en est-on aujourd’hui ?
En 2023, la température moyenne mondiale avait déjà augmenté de 1,2 à 1,3°C par rapport à la période préindustrielle. Et selon les projections actuelles, nous pourrions franchir le seuil des 1,5°C d’ici 2030, voire plus tôt lors d’années exceptionnellement chaudes, comme l’a été 2023.
La trajectoire mondiale actuelle, basée sur les politiques climatiques mises en œuvre, nous conduit plutôt vers un réchauffement de +2,5°C à +2,9°C d’ici 2100, selon les données de l’ONU et du Climate Action Tracker.
Pourquoi cet objectif est-il jugé "socialement impossible" ?
L’expression "socialement impossible" ne signifie pas que l’objectif de 1,5°C est scientifiquement ou techniquement irréalisable, mais qu’il est incompatible avec les dynamiques économiques, sociales et politiques actuelles.
1. Des transitions trop rapides pour nos sociétés
Pour espérer rester sous les 1,5°C, il faudrait réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de près de 50 % d’ici 2030, ce qui implique des changements radicaux :
Fin rapide des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz)
Transformation complète des transports, de l’agriculture, de l’industrie
Réduction massive de la consommation matérielle dans les pays riches
Ces mesures impliqueraient des bouleversements économiques et sociaux majeurs, difficiles à faire accepter à court terme par les citoyens, les gouvernements et les marchés.
2. Des résistances politiques et géopolitiques
Les intérêts économiques liés aux énergies fossiles restent puissants. De nombreux pays, dont la Chine, l’Inde, les États-Unis ou les États du Golfe, continuent à subventionner ou développer des infrastructures fossiles. En parallèle, les tensions géopolitiques (guerre en Ukraine, rivalités Chine/USA, instabilité au Moyen-Orient) freinent la coopération internationale.
3. Une fracture Nord-Sud persistante
Les pays du Sud, les plus exposés aux effets du réchauffement, réclament plus de justice climatique et de financements pour s’adapter, alors que les pays du Nord peinent à tenir leurs engagements financiers. Cette inégalité entrave la construction d’un front commun face à l’urgence climatique.
Ce que disent les experts
De plus en plus de voix scientifiques appellent à reconnaître l’échec probable de l’objectif 1,5°C, non pas pour baisser les bras, mais pour adapter les stratégies climatiques à la réalité.
Michael Mann, climatologue :
« Viser 1,5°C reste moralement juste, mais nous devons aussi préparer nos sociétés à un monde à +2°C. »
Jean-Marc Jancovici, ingénieur énergie-climat :
« Le problème n’est pas la technique, mais l’acceptabilité sociale. Nous n’avons pas la volonté politique d’imposer des mesures à la hauteur de l’enjeu. »
Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU :
« L’objectif 1,5°C est en soins intensifs. Il faut agir maintenant pour éviter le pire. »
Que faire si on dépasse les 1,5°C ?
Dépasser le seuil de 1,5°C n’est pas une fin en soi, mais chaque dixième de degré compte. Plus nous dépassons ce seuil, plus les impacts deviennent graves, mais réduire le réchauffement à 1,6°C ou 1,7°C reste bien meilleur que de le laisser atteindre 2,5°C ou 3°C.
Il est donc crucial de :
Réduire les émissions le plus vite possible, même si l’objectif 1,5°C est compromis
Renforcer l’adaptation des territoires aux nouvelles conditions climatiques
Investir dans la résilience des systèmes alimentaires, énergétiques et sanitaires
Développer des technologies de captage de CO₂, sans en faire une excuse pour ne pas réduire les émissions
Changer de discours pour mobiliser davantage ?
Le discours binaire "1,5°C ou catastrophe" peut parfois décourager ou démobiliser. Certains experts plaident pour une approche plus nuancée, en mettant l’accent sur les bénéfices immédiats de l’action climatique :
Moins de pollution de l’air (et donc moins de maladies)
Moins de dépendance énergétique
Plus d’emplois dans les énergies renouvelables
Une meilleure qualité de vie urbaine
L’enjeu n’est pas seulement d’éviter la catastrophe, mais de construire un avenir plus vivable, même dans un monde à +1,7°C ou +2°C.
Conclusion : entre lucidité et mobilisation
Oui, limiter le réchauffement climatique à 1,5°C est probablement devenu socialement impossible dans le contexte actuel. Mais cela ne doit pas justifier l’inaction. Agir pour le climat reste urgent, vital et bénéfique, même si l’on dépasse certains seuils.
La transition ne sera ni facile, ni immédiate, mais chaque effort compte. Le défi consiste à concilier ambition climatique, justice sociale et faisabilité politique, pour éviter le pire et préserver l’essentiel : un monde habitable pour les générations futures.
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